En Janvier, je me suis inscrit au raid Vauban qui présente des chiffres assez gros mais je suis confiant de trouver le temps de rouler pour me préparer. Je me vois même suivre un petit programme d’entrainement pour essayer de faire une petite perf. Mais voila c’était en Janvier. Le printemps est arrivé, et entre la météo pas toujours au top, et des soucis mécaniques sur le vélo, j’ai très peu roulé. Heureusement qu’on a fait un WE VTT vers Millau et les Grandes Causses le WE précédent le raid pour accumuler des bornes et enchainer des sorties a plus de 1000m de D+ car sinon c’était même pas la peine de me déplacer à Guillestre.
Samedi 7 Juin, on prend donc la direction de Guillestre en passant par le col de la Bonette encore bien blanc et on rejoins les autres au camping pour s’installer. Une pizza pas bonne et chère sur la place et on repart vite se coucher.
Dimanche, 6h, j’ai pas dormi, mais je me prépare pour une longue journée de vélo. Je rajoute mes poudres à mon eau, je prends des gels, des barres et on prend la direction de Risoul (1850m) en voiture où se situe le départ.
Les 300 concurrents sont la. Les jambes épilées se toisent du regard et les « enduristes » sont plus cools. Le départ est lancé, ca part fort pour tout le monde, on rétrograde rapidement dans les dernières positions. Peu à peu je m’échauffe et prends mon rythme. N’ayant pas dormi j’avais très mal aux jambes mais petit à petit les douleurs disparaissent dans cette première ascension sur piste qui nous amène au dessus de 2000m d’altitude. Mon rythme me permet de suivre un collègue du club avec qui je vais rester toute la journée.
Première descente, ca bouchonne. Je reste derrière des gens qui descendent sur le vélo mais qui ne vont pas très vite. Certains sont déjà à pieds alors que il n’y a aucune difficulté (je pense qu’ils ont du abandonner). Au bout d’un moment ça continue a bouchonner et personne laisse passer naturellement. Je finis par doubler quand ça s’élargit pour me trouver bloquer un peu plus bas une nouvelle fois. Je décide d’attendre pour laisser un peu de distance et pouvoir m’amuser un peu mais voila, les gens que je venais de doubler décident de me repasser devant pendant que j’attends. Ni 1 ni 2 je repars pour les en empêcher et de toute façon la descente est finie puisqu’on arrive à St Marcellin (1634m).
On remonte par de la route bien bien raide puis un sentier assez costaux pour mes jambes (j’aurais peut-être du pousser au lieu de pédaler) puis re-piste pendant longtemps et finalement un long sentier traversant (que je ferai pas mal en poussant) qui nous amène au col de la Scie à 2306m après un tout dernier bout en portage.
La commence une magnifique descente avec moultes épingles assez serrées sur le haut puis très ludique au fur et à mesure. Evidemment tout le monde est à pieds, on avance pas et on prend pas de plaisir si ce n’est quand enfin on nous laisse passer (ou que l’on force le passage car peu propose de nous laisser passer) et qu’on peut enchainer 1 ou 2 épingles. On finit par arriver au premier ravito à Haute Rua (1785m) où on ne s’attarde pas. Il fait encore bon et il vaut mieux avancer le plus possible avant la chaleur annoncée.
Je ne le sais pas encore j’aurais peut-être du m’arrêter plus longtemps (cf plus loin).
Ensuite on retourne sur Guillestre par un sentier à profil descendant (mais avec quelques portions montantes) où je suis encore bloqué dans les parties descendantes. Mes jambes commencent à fatiguer et j’ai du laisser partir mon compagnon. On rentre dans Guillestre par les routes bien raides et la chaleur annoncée est bien là. J’arrive au ravito où je commence à avoir du mal à m’alimenter. Je me force et ça passe encore. Je recharge mon sac a flotte mais je mets moins de poudre que prévu car le sucre a du mal à passer. Je vois arriver mon compagnon au ravito alors que je pensais qu’il ne s’était pas arrêté (il a été mal aiguillé à un rond point et il a fait un petit supplément.
On repart pour le fort de MontDauphin par un sentier bien raide encore une fois que l’on fera en bonne partie en poussant le vélo (excepté à l’approche d’un photographe 😛 ). J’ai chaud, je commence à douter de passer la barrière horaire situé au 44ème km. Je n’ai pas l’heure alors je ne calcule pas et je continue sans me poser trop de question, on verra bien. On traverse le fort dans les douves c’est sympa. J’ai failli manquer le truc à ne pas rater: une superbe cascade qui se jette quelques 100 ou 150m plus bas. Pas le temps d’admirer on continue vers Eygliers ou débute la dernière grosse difficulté.
Il fait maintenant très très chaud (37°C), je commence à bien bien souffrir et je trouve le temps long sur la piste qui mène au 3ème ravito (Cabane de Guillermin – 1200m). Quand j’y arrive, j’ai la tête qui tourne, mal au ventre, je suis pas bien. J’hésite un moment à m’asseoir mais j’ai peur de pas pouvoir repartir. Je déambule avec un verre de coca dans la main que je ne pourrais pas finir. J’avale 5mg de gruyère, un tuc mais ça va vraiment pas. Je finis par m’asseoir à l’ombre. J’essaie de masquer ma détresse pour que mon compagnon ne me laisse pas la. On nous annonce que la barrière horaire est 4km plus loin avec 200m de D+ alors que je pensais que le ravito était la barrière horaire. Nouveau coup dur et je ne sais toujours pas l’heure et donc combien de temps il reste. Certains parlent que ça va être trop short, d’autres disent que même si ça passe pas, la descente vaut le coup. Mon collègue veut y aller alors je me motive à partir après avoir rempli mon sac avec de l’eau pure (fini les poudres ça passe plus).
Je suis toujours pas bien, je ne peux plus pédaler et mes vitesses ne passent plus (j’ai ramasse trop de boue dans la transmission le matin). Je laisse filer mon collègue, je pousse, et dès que la pente passe sous les 4%, je m’essaie à pédaler doucement, les crampes sont vraiment plus loin. Je n’avance vraiment pas et je ne vois toujours pas la descente vers la porte horaire arriver. Finalement j’atteins la descente, au demeurant très sympatique, mais je ferai quasiment tout assis sur la selle en me laissant descendre. A un moment, une bifurcation, un gars est là et j’aperçois mon collègue en train de profiter de la rivière pour se rafraichir. Je le rejoins pour faire de même et il m’annonce que le gars faisait office de porte horaire ( Gué à 1100m ), et que l’on avait donc 15 minutes d’avance sur l’horaire.
Je suis content, on devrait finir le raid maintenant. Je prends ensuite conscience que j’ai tout donné pour passer la porte horaire et qu’il reste tout de même 35km et environ 1500m de D+, ça va quand même être difficile de finir. On fait une bonne pause de 10 minutes, je prends un gel liquide qui passe plutôt bien et on repart. Rapidement, on arrive à un poussage/portage (que les meilleurs passent sur le vélo???). C’est difficile, les crampes sont là et il faut gérer. En haut nouvelle pause. On est rejoint par un compagnon de galère avec qui on va partager un bon morceau de la fin du parcours. C’est ensuite mounta cala (si je me souviens bien) avant un coup de cul bien raide qu’on fera en poussant avec le serre-file au cul qui nous a rattrapé et qui passe sur le vélo en essayant de nous démotiver pour qu’il puisse rentrer chez lui plus tôt 🙁 .
On arrive au Villard (1370m), on attaque une piste qui n’en fini plus, il fait toujours très très chaud. J’enchaine pédalage/poussage lentement mais surement. Ce qui me réconforte, c’est que j’ai apparemment mieux géré mon physique que d’autres qui se sont évertués à pédaler toute la journée et qui maintenant ne peuvent plus avancer car les crampes sont trop fortes. On monte comme ca pendant quelques kilomètres jusqu’à environ 1600m d’altitude, où nous attend une nouvelle descente.
Cette descente sera plutôt compliqué. Je ne bouge plus sur le vélo, le sol est fuyant (typique de chez nous en fait), très poussiéreux, mes freins ne répondent plus vraiment alors pour la première fois de la journée, je ferai des pauses en descente 😛 , d’autant que c’est la descente la plus technique de la journée car il faut placer sa roue correctement par endroit et qu’il y a quelques marches. On atteint Pra Rebou à environ 1000m d’altitude où je pense avoir finis le dénivellé positif (D+), mais en fait pas vraiment . Car tout de suite après le hameau, ca grimpe et je pousse (ca passe bien en tant normal mais pas la ). A ce moment je suis tout seul car mon collègue est parti devant pour je ne sais plus quelle raison technique. Moralement, ca va être difficile. J’ai vraiment pas l’impression d’avancer mais je ne vois pas les autres me rattraper et au contraire quand je rejoins le canal que l’on doit ensuite longer, je rattrape d’autres concurrents qui me laisse passer pour prendre ma roue. A ce moment, je suis au radar, mais ils sont tres contents que j’ouvre la voie dans la descente vers St Crépin (900m) où nous attend le deniere ravito (moi je crois qu’on est à Guillestre et que c’est fini alors je comprends pas trop pourquoi ils ont mis un ravito si près de l’arrivée 😛 ). Je m’asseois pres de la fontaine, je ne peux rien boire ni manger, mon collègue est là à m’attendre il me fait couler de l’eau sur la tête, c’est froid et ca fait du bien. C’est la qu’on nous explique qu’il reste 16km dont 12km de plat le long de la Durance.
Nouveau coup dur mais je me dis que si c’est plat ça ira. Au début c’est cool, je fais tourner les jambes et j’avance tranquillement mais ensuite j’avais oublie que je ne pouvais quasiment plus changer de pignon alors soit j’étais sur le petit plateau et je moulinais sans avancer, soit j’étais sur le grand plateau et ça me faisait trop mal aux jambes, du coup ca sera petit plateau et je me ferai doubler par les derniers concurrents. Moralement, c’est encore dur, je suis de nouveau tout seul et c’est très long 10km le long de la Durance dans mon état. Un peu plus loin, on m’annonce dernier alors je me dis que c’est cool de finir dernier des finishers, ça ma redonne le sourire. Mon collègue ma attendu 15minutes (ou peut-être même plus) sur le bord de la piste. Un dernier coup de cul sur route et piste que je ferai intégralement en poussant tel une loque mon vélo et j’arrive à la dernière descente qui rejoint l’arrivée dans Guillestre. Je suis soulagé qu’on rejoigne l’arrivée par le haut du village car je me voyais pas arriver en poussant le vélo sur une route montante 😛 . Je passe la ligne 2 minutes après mon collègue, je ne suis pas annoncé, tout est presque démonté. J’ai à peine posé le pied à terre qu’on me dit de me dépêcher pour la navette. J’ai pas du tout envie de me presser, je veux souffler surtout que je me sen toujours pas bien, mais j’y vais. Heureusement, la navette est pleine alors il faudra attendre la prochaine, j’ai donc le temps de me poser et de boire une bière bien méritée.
Le soir, je ne pourrais pas manger grand chose et même pendant 2 jours j’ai senti que ma digestion était pas tout à fait rétabli.
Je finis 249eme et dernier finisher après 10h20 de lutte. Content d’avoir fini ( c’est même un exploit au vu de mon niveau de préparation), de n’avoir rien lâché, d’en avoir chié (ça fait du bien de temps en temps) même si ça n’avait que très peu d’intérêt car les 25 derniers km étaient de trop. Le parcours était beau (un peu trop de piste mais vu ma forme c’était mieux), des descentes superbes mais trop de bouchons, les paysages sublimes (un des regrets que j’ai, c’est de ne pas avoir pu en profiter tellement j’étais dans le rouge toute la journée).
Chiffres:
Distance: 75km
D+: 2750m, D-: 3500m
Le parcours:
Le classement:
La vidéo:
Raid Vauban 2014 from laforgegrafic on Vimeo.
One response
J’ai envie de vomir en lisant ton CR…