L’année dernière, le raid des paillons était ma première compétition de VTT en vue de la Trans (que je n’ai pas pu faire suite à mon genou). Mon objectif était de finir et j’avais fini tranquillement en roulant pépère toute la journée avec Sylvain. Le parcours était dur 83km pour 3100m de D+ et j’avais mis 9h54.
Cette année, le parcours est raccourci: 60km et 2200m de D+, je me suis bien entrainé jusqu’il y à 2 semaines où une tendinite au genou m’a ensuite empêché de rouler plus d’une fois par semaine alors je vise un temps de 6h (10km/h). En partant je ne sais pas du tout si j’en suis capable, j’ai jamais roulé à cette allure en rando mais ce sera un bon test pour la gestion de la course. Par contre la météo est annoncée mitigée avec risque de pluie, je suis pas serein avec ces nouveaux pneus.
Dimanche matin, j’arrive à Ste Thècle à 8h05 pour un départ à 9h00. Ca me laisse le temps de me préparer tranquillement, d’aller chercher ma plaque…
Un petit tour d’échauffement pour faire monter le coeur un peu de si bon matin et je me retrouve en ligne. Je retrouve Jean Seb des 1001 avec qui je discute un peu avant le départ.
9h00, on part, je me mets dans le rythme de ceux qui me précède, je me sens bien mais au bout de quelques hectomètres, je regarde le cardio et je suis à 165bpm (c’est pas ingérable mais je pars fort)., Tout le monde est frais, ca discute, sur la route qui monte à bon pourcentage. Le petit groupe avec qui je suis me parait un peu lent (je veux bien me placer pour avoir une course simple) alors j’accélère pour rattraper le groupe de devant où il y a Jean Seb. Je regarde le cardio et je prends peur car je suis à 172bpm.
Je me calme juste avant d’attaquer la première « descente ». Un mec bouchonne mais je me sens pas trop de doubler car je risque de me foutre au tas avec mes pneus super gonflés en quittant le sentier. Heureusement, d’autres derrière s’impatientent et nous passent, ce qui fait s’arrêter le mec et je peux passer. Un peu plus loin, un mec se fout dans le fossé 2m plus bas. Tout le monde s’arrête pour aller l’aider mais c’est pas évident et on perdra pas loin de 3 minutes. On repart, c’est piègeux par endroit car il y a de belles marches qui surgissent dans des virages (je mets pas mal de pieds pour éviter tout risque). On finit la descente vers Borghéas, je monte sur le pont et j’ai une sensation bizarre. J’essaie de remonter vers la route et je sens que j’ai crevé, bingo, je me suis pas trompé. Ca me met un coup au moral mais faut pas que je me déconcentre. Je change de chambre en 5 ou 6 minutes, le temps de voir pas mal de monde passer dont Isa.
Je repars, vite (trop vite), je reprends Isa dans le raidillon du village, lui glisse un petit mot d’encouragement et je continue. Je rattrape et double assez rapidement 3 ou 4 concurrents. Mon cerveau me dit que je vais trop vite mais mes jambes tournent bien, j’en chie pas du tout, le cardio oscille entre 160 et 165bpm mais je peux tenir ces fréquences pendant quelques heures. J’arrive à Blausasc vers 10h00 légèrement en avance sur mon planning (je me dis que c’est pas mal avec une crevaison). Par contre, je suis inquiet pour la suite car j’ai estimé à 40 minutes le temps entre Blausasc et l’Escarène mais au fur et à mesure je me dis que ca va être tendu de tenir le rythme prévu. Je porte un peu sur un court passage et ça me fait du bien, ça change l’effort sur les jambes. Je repars ensuite sur le bike. La piste se passe bien, je rattrape et double encore 2 personnes, j’ai l’impression qu’ils en chient (je dis pas que c’est facile pour moi mais je me dandine pas sur le vélo). Arrive la descente sur l’Escarène, j’ai pas envie de crever alors quand je vois le profil de la descente, j’attaque tranquillement. Un peu trop peut-être mais même si je voulais, je connais pas la descente, j’ai 2.6 bars dans mes pneus et ca tabasse. Même quand 2 mecs me doublent, je peux rien faire. Je pense qu’ils me mettent 2 ou 3 minutes rien que sur la 2eme partie de la descente (en même temps y en a un qui doit connaitre par coeur car il coupe droit dans la pente alors que je m’évertue à aller chercher toutes les épingles – Respecte le sentier). J’arrive à l’Escarène un peu décu mais j’ai pas crevé alors tant pis pour les minutes perdues, il reste des bornes à faire.
A l’Escarène, je commence à vider mon sac à flotte car le ravito arrive. Bon par contre je me fais une belle frayeur quand, je ne vois pas le ravito où je pense. Je me dis que je suis super mal si je l’ai loupé car je viens d’attaquer la très longue montée vers la baisse du Pape (15km et 750m de D+) et je n’ai quasiement plus d’eau. Je me rationne mais je sens les crampes arrivées. Je sais pas quoi faire entre boire pour résorber les crampes ou économiser pour tenir jusqu’à la baisse du Pape (en plus je sais pas pourquoi je veux tenir jusqu’à la baisse du Pape car il y a pas d’eau non plus là haut :mrgreen:).
Bon finalement, le ravito était 3km après l’Escarène et pas 1km après alors je finis par y arriver sur les traces d’un concurrent qui ne s’arrêtera pas ❗ . Moi je m’arrête, je vide un sachet de poudre dans mon camel et le remplis, je bouffe bien, j’ai des débuts de crampes mais les 3 minutes de pauses les feront partir. Je demande mon classement et je suis tout étonné d’être 31ème (incroyable, je pensais être vers la 50ême place). 4 personnes sont arrivées au ravito et il est temps de repartir. Je lache rapidement le concurrent parti en même temps que moi mais au bout de 1 ou 2 km, les crampes vont commencer à rendre ma progression plus que lente.
Au début je gère, je ralentis un peu l’allure, ça marche pas trop mal mais je veux pas que ça revienne de derrière alors j’avance toujours et les crampes finissent par revenir. Je me mets à mouliner et le mec parti avec moi du ravito revient petit à petit et me dépose (32ème). Je suis deg, au cardio, je suis en balade à 150bpm mais les jambes veulent plus rien savoir. J’ai des crampes aux 2 mollets, aux 2 quadriceps et aux 2 ischios (pas tous en même temps mais ça devient très difficile). On bifurque sur un sentier que je n’avais pas prévu et dès que ça grimpe, je pousse mais même en marchant, mes jambes tétanisent. Je me force à avancer quand même mais ça fait très mal. A force de marcher et de bien dérouler la jambe, je récupère un peu. J’arrive sur la piste juste avant la baisse du Pape où je remonte sur le vélo. Je suis en permanence en train de regarder derrière mais je vois personnes, ouf! :razz:.
Au col du Farguet, on bifurque à gauche vers le Mont Avelland et le col de Ségra. Ça commence par porter, et au moment de passer un gros bloc, ma jambe droite entière tétanise et je manque de tomber. Je finis le petit bout de portage tout doucement. En haut, je décide de faire une pause. Je m’assoies, j’avale un gel, le temps qu’une personne me double (33ème). Je repars pour une descente où j’en chie encore avec mes pneus sur-gonflés mais au moins je crève pas. Ensuite c’est de la piste descendante mais où il faut rester vigilant car remplie de pierres qui roulent. Je lâche quand même les freins et je récupère un peu.
J’arrive au col de Ségra par la route, j’arrive encore à pédaler mais je suis jamais loin de la crampe. Ensuite on attaque les rampasses vers le Mont Ours alors que 2 mecs me reviennent dessus. Je décide tout de même de pousser dans les rampes pendant que je vois mes poursuivants s’échiner à pédaler. Je garde le cardio à 150bpm et j’avance aussi vite voire même peut-être plus vite qu’eux.
Un peu avant le sommet du Mont Ours, on continue par de la piste pour rejoindre une descente des plus techniques. Au début, c’est des épingles entrecoupées de portion droite le tout dans un lit de pierres roulantes mais j’avance pas trop mal je pense. Je sors les pieds dans les épingles en cas de perte de l’avant. Je m’attends à tout moment à voir les 2 mecs me rattraper mais je ne les verrai pas dans cette portion rapide. Ensuite ça devient très cassant et plutôt chaud. Ça passe dans un premier temps dans les restes d’une rigole latérale mais faut contrôler sa vitesse et sa trajectoire pour pas se trouver expulser en tapant la pédale dans le « trottoir ». Ensuite, ça devient très chaotique. Mes crampes m’empechant de tracter dans les blocs et n’ayant pas envie de m’en prendre une, je passe à pieds et c’est là que les 2 mecs me passeront (35ème). Je peux ensuite enfin remonter sur le vélo et je m’accroche à mouliner pour rejoindre le 2ème ravito au col des Banquettes.
Je m’arrête, les crampes ne passent pas. Je prends un peu d’eau mais ne rajoute pas la dose de poudre que j’avais prévu (il reste 13km à majorité descendante). Je repars avec un autre mec qui a rejoint le ravito, je bois, je bois de l’eau sans sucre et bizarrement ça à l’air de me faire du bien. Je rattrape le mec qui m’avait légèrement distancé (36ème) et je ne sens plus trop de crampe (ça va pas durer mais ça fait du bien). La piste devient maintenant descendante et je continue de récupérer, je reprends confiance sur le fait de pouvoir finir dans les 40 (je ne vois personne derrière). On arrive ensuite à Peille par la route.
On traverse le village par des successions de marches puis on emprunte un sentier bien merdique où on rattrape un des mec qui m’avait doubler dans la descente technique. Il est perclus de crampes et il finit par nous laisser passer (35ème). Il faut pousser porter et bien que j’ai des crampes je fais mine d’être facile pour ne pas le laisser espérer. On finit par rejoindre la route, ça grimpe légèrement et je n’arrive plus à suivre mon compagnon, il m’attend, c’est sympa, je le rejoins.
On attaque la descente d’abord sur voie romaine, où je ne veux toujours pas crever, je vais doucement pour bien choisir là où je passe. Mon compagnon me lâche et je ne le reverrai plus. S’ensuit la descente du ravin de Galambert (que j’ai déjà parcouru il y a 2 ans et demi). Je fais très attention mais je vais à un bon petit rythme. Arrivé à Peillon, on enchaine 2 épingles où je chute dans les 2 (j’ai plus la force de tirer mon développement en sortie d’épingle alors que je suis en déséquilibre :mrgreen:). Rien de grave que des égratignures. Je continue et rejoins un sentier tout pourri qui mène au Pueï. C’est une vieille trace nettoyée pour le raid? Le sentier est très étroit en léger dévers avec des petis blocs deci delà (en temps normal avec des jambes, ça doit bien passer mais là…). Je perds un temps fou, je ne prends plus aucun risque, et passe a pieds dès qu’il y a un peu de pente. Je suis persuadé que ça va revenir derrière et je guette les bruits mais finalement à part mon frein arrière qui fait raffut pas possible, rien du tout. Je rejoins la route. Il y a une belle côte, je décide de pousser. Des personnes de l’organisation me disent qu’ensuite ça fait plus que descendre par la route sur 1km. Je suis content, je regarde encore derrière, puis ma montre: un peu plus de 5h30, trop fort 🙂 . Je descends les rapports, jette régulièrement des coups d’œil derrière mais toujours rien. Je souris, je suis content, je finis par un mini sprint (les crampes sont toujours pas loin :mrgreen:).
Je passe la ligne en 5h36, pour une 35ème place au scratch et une 9ème place dans ma catégorie Master 1 (30-39ans).
On me donne mon T-Shirt et je vais vite chercher mes pâtes même si j’ai pas vraiment fin.
Voilà pour ce raid des Paillons 2011. Je suis très content du résultat mais peu de ma gestion de course. J’ai certainement fait beaucoup trop d’effort pour récupérer mon retard après ma crevaison et je l’ai payé par la suite. J’aurais du prendre plus de temps pour rattraper ce retard en visant la baisse du Pape car ensuite les places étaient plus ou moins figées. Sinon pour les prochaines échéances, il faudra faire des randos à bon rythme constant sans s’arrêter car c’est la seule différence avec les raids comme les Paillons. En rando, je suis capable de monter très haut en cardio pendant un certain temps mais ensuite on fait une pause et je récupère et du coup je n’ai pas vraiment de problème de crampe. Au raid des Paillons, on peut pas vraiment s’arrêter, enfin si on veut faire un temps (l’année dernière c’était différent).
Anecdote: J’ai fait tout le parcours avec 120mm de débattement avant mais pour la dernière descente, je voulais passé en 140mm pour plus de confort. Je tourne donc la molette de ma Talas. Pourtant pendant la descente, je la trouvai assez dur mais je mettais ça sur la fatigue. Finalement à l’arrivée je me suis rendu compte que j’avais tourné la molette dans le mauvais sens et j’étais donc en 100m. On repassera pour le confort :mrgreen:.
Pour mémoire, voici les chiffres de ma préparation:
– Durée: 2 mois (26 Juillet, 25 Septembre)
– Temps sur le vélo: 78.9h
– Distance: 699km
– Dénivelé positif: 20270m
4 Responses
Ca doit être long 60km avec des crampes 🙂 J’ai jamais réussi à les faire partir après qu’elles aient commencé…
35è c’est classe!
J’ai fait seulement les 25 dernier km avec des crampes, ca va :mrgreen:.
Avec du recul, je suis surpris d’avoir pu maintenir un rythme pas si mauvais avec mes crampes car seulement 5 personnes m’ont passees. Mais qu’est ce que c’est douloureux.
Bon facile a dire, mais sans crampe (surtout sans la crevaison qui est responsable de ma mauvaise gestion), je faisais 5h10.
Bravo PY! Il y a pas lieu que je lis tout ce billet enorme car je comprends rien .. mais Bravo quand meme 🙂
Merci Maria.
C’est pareil pour ton blog. Je comprends rien alors je regarde les photos 🙂